Prédication du 17 août 2025

par Annie Zoomevele

Textes bibliques

1) Hébreux 12, 1-4

« Ainsi donc, nous aussi, qui avons autour de nous une telle nuée de témoins, rejetons tout fardeau et le péché qui sait si bien nous entourer, et courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les regards fixés sur celui qui est l’initiateur de la foi et qui la mène à son accomplissement, Jésus, lui qui, renonçant à la joie qui lui revenait, endura la croix au mépris de la honte et s’est assis à la droite du trône de Dieu. Oui, pensez à celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle opposition contre lui, afin de ne pas vous laisser accabler par le découragement. Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans votre combat contre le péché (…). »

2) Luc 12, 49-53

« C’est un feu que je suis venu apporter sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! C’est un baptême que j’ai à recevoir, et comme cela me pèse jusqu’à ce qu’il soit accompli ! »

« Pensez-vous que ce soit la paix que je suis venu mettre sur la terre ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division. Car désormais, s’il y a cinq personnes dans une maison, elles seront divisées : trois contre deux et deux contre trois. On se divisera père contre fils et fils contre père, mère contre fille et fille contre mère, belle-mère contre belle-fille et belle-fille contre belle-mère. »

Prédication

« C’est un feu que je suis venu apporter sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! »

Ces paroles, n’est-ce pas, sont redoutables et sonnent à nos oreilles comme une menace !

Nous aimerions bien faire comme si nous n’avions rien entendu, et nous caler au coin de notre cheminée, dans la douceur du feu domestique qui lèche les bûches, nous chauffe et nous éclaire.

Or la parole qui nous est rapportée ici s’inscrit dans une série de récits et paraboles qui mettent l’accent sur la proximité de la fin des temps et la nécessité de la vigilance.

Alors, me direz-vous, fini de rire ?

Eh bien oui.

Il s’agit bien ici d’un feu qui détruit, un feu qui abrase. Celui qu’on voit lécher les troncs noircis des forêts calcinées. Et pourtant c’est Jésus, ce Jésus qui nous aime, qui nous l’annonce, ce feu, et, pire encore, qui nous l’apporte ! Nous nous bouchons les oreilles et avons envie de fuir.

Et pourtant, puisque c’est Jésus qui nous l’annonce, cela mérite que nous ne nous enfuyions pas et que nous essayions de comprendre. Jésus veut-il nous détruire ? Jésus veut-il notre mort ? Oui, d’une façon, puisqu’il associe ce feu à un baptême :

« C’est un baptême que j’ai à recevoir, et comme cela me pèse jusqu’à ce qu’il soit accompli ! ». Pour lui, le tout premier, le choix est cruel.

Mais qu’est-ce que le baptême, sinon passer de la mort à la vie ?

Christ nous en a montré le chemin. Lui qui était sans péchés, il est passé par ce feu qui brûle tous nos péchés, la mort, qui est notre baptême. Pour nous, il s’agit, tout comme lui l’a fait pour son Père céleste, de mourir à nous-même, pour vivre en Lui. Mourir à ce qui nous détruit, pour renaître à la vie, la vie éternelle.

Le feu que Jésus nous annonce n’est pas un feu qui détruit et qui tue. Rappelez-vous l’histoire des vases d’argile : nous sommes ces vases que modèle le potier et qu’il passe au feu pour en fixer la forme désirée ; nous sommes ces vases d’argile porteurs de Christ en nous, notre seul Bien, nous étant dépouillés de tous les autres, les ayant jetés au feu !

Dieu nous purifie au creuset de l’épreuve de notre foi par son Esprit Saint.

Le sarment qui ne porte pas de fruit ne doit-il pas être enlevé ? Et celui qui porte du fruit, purifié, en le taillant pour qu’il en porte davantage ? (Jean 15, 2)

Ne faut-il pas que le grain tombé en terre meure pour qu’il porte beaucoup de fruit ? (Jean 12, 24)

Cette coupe que Jésus a finalement accepté de boire jusqu’à la lie n’a-t-elle pas sauvé le monde ?

Le feu que Jésus appelle de ses vœux et qu’il nous a apporté à travers sa propre mort n’est pas un feu de forêt qui détruit aveuglément toute vie. Ce n’est pas le feu mortifère des bombes. C’est un feu qui détruit les scories dont nous sommes porteurs, salis et empêchés, pour ne laisser que le meilleur. C’est un feu d’amour qui détruit l’inutile, le factice, le clinquant, le mal sous toutes ses formes. Jésus met le feu à nos fausses valeurs pour nous permettre de ne garder – au bout d’un long cheminement et de beaucoup d’épreuves – que l’amour. Et alors, quelle joie !

« Faites donc mourir ce qui en vous appartient à la terre, dit Paul : débauche, impureté, passion, désir mauvais et cette cupidité, qui est une idolâtrie. (…) débarrassez-vous de tout cela : colère, irritation, méchanceté, injures, grossièreté sortie de vos lèvres. Plus de mensonge entre vous, car vous vous êtes dépouillés du vieil homme, avec ses pratiques, et vous avez revêtu l’homme nouveau, celui qui, pour accéder à la connaissance, ne cesse d’être renouvelé à l’image de son créateur ; »

Il ajoute :

« Toujours, en effet, nous les vivants, nous sommes livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit elle aussi manifestée dans notre existence mortelle. »

Ce n’est pas un feu qui veut notre mort, mais un feu qui veut notre vie. C’est le feu de l’Esprit de Dieu. « Si vous entendez ma voix, n’endurcissez pas votre cœur ! »

Jésus demande que nous l’écoutions, car au fond de notre mort, de ce que nous croyons notre mort, il y a la vie. En abondance.

La seconde partie du message contribue à nous désarçonner encore par sa même radicalité. D’autant qu’elle touche à ce que nous estimons, je crois, avoir de plus fondamental : la famille, les plus proches.

 Le Jésus que nous connaissons, le Jésus que nous aimons, c’est celui qui apporte la paix, n’est-ce pas ? « Je vous donne la paix » a-t-il dit. Comment Celui qui est la Paix voudrait-il en toute conscience et sagesse nous apporter la division ?!!  Le grand diviseur n’est-il pas Satan, le serpent ancien ?

Attention, Jésus ne nous propose pas la division, la mésentente, comme mode de vie. Il n’en fait pas une référence de conduite !!! Mais lui, qui se présente comme « le chemin, la vérité et la vie », il assortit son message de vérité de la liberté qu’il nous donne. Il nous donne le choix de notre chemin : le suivre ou ne pas le suivre. Il ne faut pas oublier que l’amour et la vérité sont toujours liés dans le message biblique. A partir de là, les chemins que choisissent les uns et les autres divergent. Rappelons-nous l’histoire de la séparation d’Abram et Loth.

La division n’est pas le fruit de Dieu, pas plus que celui de Jésus, mais le choix qu’il nous est donné de faire, introduit nécessairement une division parmi nous. Si Jésus avait voulu complaire aux habitants de son village, il serait resté le charpentier dont la route lui avait été toute tracée par son père terrestre.

Ces choix ne sont pas sans peine, et des croisées de chemins, plus ou moins douloureuses, plus ou moins évidentes, ne cesseront de se présenter à nous tout au long de notre vie.

Rappelons-nous la prophétie que Syméon adresse à Marie venue présenter l’enfant Jésus au temple de Jérusalem. Il dit de Jésus : « Il est là pour la chute ou le relèvement de beaucoup en Israël et pour être un signe contesté. Toi-même un glaive te transpercera l’âme. Ainsi seront dévoilés les débats de bien des cœurs. ».

C’est bien de division dont il s’agit là, avec deux conséquences possibles, liées au choix que nous faisons : la chute ou le relèvement. « Je mets devant toi la mort et la vie, dit le Seigneur en Deutéronome. Choisis la vie afin que tu vives ! ».

Ainsi, le feu d’abord, la division ensuite, ces deux choses terribles dont la perspective nous fait tellement peur, sont en réalité ce par quoi nous passons pour nous révéler à nous-mêmes. Le débat, la division, ont lieu tout d’abord dans le cœur de chacun de nous. Le bon choix, nous le connaîtrons par la paix qu’il aura installée en nous et par les fruits de joie que notre vie portera.

Laissons donc ce feu d’amour qui couve dans nos cœurs consumer en nous tout ce qui est lourd et pesant et envoyer dans le ciel des étincelles de joie.

Amen

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